Qu’est-ce que la Fast Fashion ?
La « fast fashion » est un terme qui décrit un segment particulier de l’industrie vestimentaire, caractérisé par des méthodes ultra-rapides et peu couteuses de création et de production.
Ce segment a recours au plagiat des modèles haut de gamme, ainsi que de petits créateurs, et s’inscrit dans une démarche cyclique. Des vêtements à la mode sont créés, fabriqués, transportés et vendus dans les magasins jusqu’à ce qu’une nouvelle tendance apparaisse, et que le cycle se répète.
Les vêtements sont produits dans des séries relativement petites, et les stocks ne sont que peu renouvelés, incitant la clientèle à consommer et à redorer sa garde-robe.
La fast fashion s’appuie sur les réseaux sociaux pour se développer et attirer les consommateurs. À titre d’exemple, la moitié des publications du réseau social Instagram est consacrée à la mode et à la beauté.
La raison d’être de ces marques de fast fashion est la société de consommation, les réseaux sociaux et le culte de l’apparence. Une société de consommation n’est donc pas seulement une société où l’on consomme, mais où les biens débordent, si bien que nous n’arrivons même plus à tous les consommer. C’est une société d’abondance. Non seulement il ne faut rien manquer, mais il faut aussi avoir l’impression de vivre, de pouvoir gaspiller, dépenser, consommer bien au-delà ce qui est strictement nécessaire. 100 milliards de vêtements sont vendus chaque année dans le monde, leur production ayant doublé entre 2000 et 2014 (ADEME).
Une industrie extrêmement polluante
L’industrie de la mode, avec la « fast fashion » en tête, est la deuxième industrie la plus polluante et pèse sur nos ressources mondiales. Selon l’ADEME, chaque année, elle émettrait 1.22 milliards de tonnes de gaz à effet de serre, soit environ 2% des émissions globales à effet de serre. C’est plus que les vols internationaux et le trafic maritime réunis.
Le textile est le 3ème secteur consommateur d’eau dans le monde, après la culture de blé et de riz, et consomme 4% de l’eau potable disponible dans le monde. Par ailleurs, le polyester, le matériau le plus utilisé pour fabriquer des vêtements, est composé de plastique, et donc jamais complètement biodégradable.
Cette matière synthétique relâche à chaque lavage des microfibres plastiques, non filtrées par les stations d’épuration, qui finissent dans les océans. C’est la principale source de pollutions des océans devant les sacs plastiques.
D’après le GIEC, l’industrie de la mode produit chaque année 10% des émissions mondiales de dioxyde de carbone, alors qu’elle utilise 1.5 milliards de litres d’eau par an.
En Europe, chaque personne achète en moyenne 26kg de vêtements et linge de maison par an, dont 11kg sont jetés.
Une étude menée par notre association montre que 57,1% des déchets textiles des 15 plus grands pays de l’UE finit dans les décharges.
Des conditions de travail effroyables
La fast fashion n’est pas seulement un problème pour l’environnement, elle l’est aussi pour les travailleurs, soumis, maltraités, confectionnant les vêtements dans des conditions déplorables.
Salaires précaires, exploitation et travail infantile
Cela n’est pas un secret, nos vêtements sont fabriqués dans des pays où les coûts de main-d’œuvre sont toujours plus bas, et où les droits des travailleurs sont extrêmement limités, voir inexistants.
Concernant les heures de travail, les travailleurs du secteur de la fast fashion sont contraints de travailler entre 14 et 16 heures pour jours, 7 jours sur 7. Il leur est impossible de défendre leurs droits, car la création de syndicats est extrêmement limitée au sein des pays d’exploitation. S’ils sont autorisés, ils sont menacés et attaqués physiquement ou bien licenciés par les propriétaires des usines.
Ils sont aussi licenciés s’ils refusent d’effectuer des heures supplémentaires, situation récurrente. Dans certains cas, ces heures supplémentaires ne sont pas payées.
Par ailleurs (selon Clean Clothes Campain), les femmes représenteraient près de 80% des travailleurs dans le secteur du textile. Elles subissent l’inégalité salariale ainsi que de nombreuses agressions sexuelles et des menaces, malgré leur jeune âge pour bon nombre d’entre elles.
L’industrie de la mode nécessite une main-d’œuvre peu qualifiée, le travail des enfants y est donc aussi particulièrement répandu. Au Bangladesh, 50% des enfants de 14 à 16 ans issus de bidonvilles de Dacca travaillent dans des ateliers pour 8 euros par semaine, ce qui les empêche d’aller à l’école et de s’éloigner, plus tard, de la pauvreté.
Des drames inévitables
L’exemple le plus symbolique et révélateur des conditions de travail est l’effondrement du Rana Plaza à Dacca, capitale du Bangladesh. Cet immeuble de 8 étages, qui abritait plusieurs ateliers de confection et employant un total de 5000 salariés, s’est effondré en 2013, emportant avec lui plus de 1130 travailleurs, et faisant 2000 blessés.
La veille de la catastrophe, le bâtiment a été jugé dangereux par des inspecteurs, repérant des fissures et ayant requis son évacuation et sa fermeture.
Le matin-même, les ouvriers ont refusé d’entrer dans le bâtiment. La direction des ateliers, soumise aux contraintes de temps et de quantités émises par les marques, a obligé les travailleurs à reprendre leurs postes, menaçant ces derniers de retenir les salaires ou de les licencier. Une heure plus tard, le bâtiment s’effondre complètement, n’épargnant que le rez-de-chaussée. La plupart des victimes étaient des femmes ainsi que des enfants placés en crèche dans l’immeuble pendant que leur mère travaillait.
Ce drame a grandement aidé à la prise de conscience des consommateurs occidentaux et a influencé la création de certaines lois. Les marques souhaitent effectuer une transition et se tournent vers une mode plus éthique et une certaine transparence concernant leur production.
Des solutions durables
La mode peut aussi être durable. Avez-vous déjà acheté un vêtement que vous n’avez jamais porté ? Vous êtes-vous demandé où sont fabriqués vos vêtements ? Gardez-vous un vêtement jusqu’à ce qu’il soit complètement usé ? Ces questions méritent d’être posées.
Il existe plusieurs solutions, que chaque consommateur devrait exécuter :
– Premièrement, choisir les bonnes matières : par exemple, le lin, le chanvre ou le coton biologique dont la culture est moins gourmande en eau et en engrais.
– Se fier à certains logos : Écolabel européen, Ecocert Textile, Demeter, GOTS,…
– Privilégier les fibres recyclées ou se tourner vers la polaire, issue du recyclage des polyesters et des bouteilles plastiques
– Acheter moins souvent et de meilleure qualité. Il ne faut pas se laisser convaincre par la fast fashion que les derniers articles sont nécessaires
– Acheter des marques durables et éthiques. Ce choix contribue à promouvoir des conditions de travail équitables et pratiques pour les travailleurs du monde entier. Ces marques durables prêtent attention à chaque étape de la chaîne d’approvisionnement, de la production à la vente des produits.
– Privilégier le commerce de seconde main : chiner ses habits auprès de dépôt-vente ou au sein de sites internet spécialisés permet de limiter son impact environnemental, de faire des économies et parfois, de tomber sur des pièces d’exception.
– Et bien sûr, boycotter les marques irresponsables.
Mais ces solutions, destinées aux citoyens, ne suffisent évidemment pas. Il est important d’agir à la source du problème, qui sont ces marques.
Les gouvernements ainsi que les Commissions Internationales doivent instaurer des lois et imposer des sanctions financières en cas d’écart. La Commission Européenne par exemple propose un « passeport numérique » pour les vêtements sous forme de QR code, où des informations sur la traçabilité et les matériaux seront disponibles, accessibles aux consommateurs et recycleurs.